Les styles du temps

Résumé

Partant des dernières méditations de Ricœur sur la mort, le temps et l’éternité, on cherche d’abord à montrer les difficultés de l’idée de Whitehead d’une mémoire de Dieu qui serait “la grande monade” (qui effrayait Jean-François Lyotard), ou la récapitulation hégélienne. La navigation alors s’inverse vers l’insurmontable pluralité des temporalités. Dans le sillage des travaux de Marielle Macé sur le style, on cherchera non seulement dans la narrativité, qui est elle-même une forme de résistance aux totalisations, mais dans tous les genres et formes de langage, les manières infiniment variées de se tenir face au temps. Si l’on accepte de réintégrer les études ricoeuriennes de littérature biblique dans le champ philosophique, on replacera le chantier narratif, lui-même indissociable du prescriptif de la Torah toujours déjà là, dans son entreroisement textuel avec les autres, le temps brisé de l’irruption prophétique, l’éternelle quotidienneté de la sagesse, les jeux métaphoriques de l’Hymne, etc.